Résumé
Phénomène naturel en méditerranée, les feux de forêt sont démultipliés par les actes d’incivilité, le changement climatique et la fermeture des milieux. Les feux trop fréquents ne permettent plus à la forêt de grandir, de vieillir et de se diversifier. Par conséquent, la végétation est de plus en plus inflammable et homogène.
Le sylvopastoralisme peut être un outil efficace et peu couteux pour réduire le risque incendie après ouverture mécanique, en appuyant le travail de rupture de la continuité de combustible. Contrairement à de l’entretien mécanique, le pâturage de troupeaux d’ânes, de moutons, de chèvres, apportent des bénéfices pour la biodiversité : fertilisation des sols, diversification des espèces, des strates, des paysages.
Le Parc National de Port-Cros met en place du pâturage en forêt en appui ou sur les ouvrages de défense des forêts contre les incendies et sur les zones d’obligations légales de débroussaillement depuis 2014 (bovins, ovins). En cœur de Parc, ils ont testé le pâturage avec des ânes dans le cadre du Projet MedForest. Les résultats sont très satisfaisants sur l’adaptation au changement climatique et sur la biodiversité. Les animaux ont permis d’espacer le passage des engins mécaniques de débroussaillement (tous les 4 ans sans les ânes, tous les 5 ou 6 ans avec les ânes).
Nom : Eric SERANTONI
Fonction : Chargé de mission gestion et travaux en milieux naturels terrestres
Structure : Parc national de Port-cros
Nom : Solène CUSSET
Fonction : Chargée de mission Solutions fondées sur la nature (SFN), animatrice Provence-Alpes-Côte d’Azur /Corse du Projet Life ARTISAN
Structure : OFB Direction interrégionale Provence-Alpes-Côte d'Azur-Corse
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Objectifs du projet
- Adapter les massifs forestiers au changement climatique par des pratiques douces peu impactantes sur les sols.
- Réduire le débroussaillage mécanique
- Favoriser une alternance de milieux ouverts, semi-ouverts et fermés sur des secteurs très vulnérables au risque incendie.
Mesures mises en oeuvre
La participation du Parc national de Port-Cros au projet MedForest a permis de financer de nouvelles opérations de sylvo-pastoralisme asin, des formations pour les agents, des chantiers d’insertion pour du débroussaillage complémentaire, des relevés floristiques.
Les ânes ont été sélectionnés car ils mangent plus de ligneux que les moutons et les bœufs (qui ont besoin de beaucoup d’herbes et d’eau).
Au Cap Lardier : convention de pâturage avec un éleveur d’ânes pour deux périodes de trois mois (sur 5 parcs, avec le placement de 4 à 12 ânesses.)
Sur l’Île de Porquerolles : du fait du contexte insulaire (absence d’éleveur d’ânes) choix d’un mode de gestion directe par le Parc avec la location de 4 à 6 ânes pour une période de 3 mois puis une seconde de 6 mois.
Nota bene : une exploitation viticole est inscrite comme ouvrage DFCI dans les documents de planification.
Résultats obtenus
Solution efficace, simple et peu couteuse. Les troupeaux permettent d’espacer les passages mécaniques de 1 à 2 ans. Lorsque le pâturage est bien conçu et mené (nombre de tête, parcours, durée de rotation, surveillance,) l’impact sur le sol et sur la régénération naturelle est maitrisé.
Impact intéressant des ânes sur le mimosa, espèce exotique envahissante fortement présente dans cette zone et hautement inflammable.
Les retombées positives du projet
Une très bonne communication pour le Parc National qui s’est fait connaître du grand public grâce aux ânes.
Les points de vigilance
Gérer en interne des ânes (location) nécessite des agents motivés, disponibles et bien formés. Il faut surveiller le troupeau. Les ânes risquent de fuguer. En milieu insulaire, les vétérinaires ne sont pas assez rapidement disponibles pour intervenir (mise-bas des ânesses, épidémies de poux).
Ce que nous enseigne ce projet
Un des facteurs de réussite est la formation des agents du Parc à la gestion d’un piquet d’ânes pour le travail en milieu forestier. 8 agents ont été formés, pendant 35 heures, à la ferme des Equipages du Jougnier à Fraïsse sur Agout.
Lorsque l’externalisation du pâturage par convention avec un éleveur est possible, cette modalité de gestion est plus simple et réplicable partout.
Cette solution implique un temps de concertation avec l’ensemble des acteurs du territoire.
Perspectives
Sur Porquerolles, perspective de mutualisation d’un troupeau de moutons avec un viticulteur (pâturage en inter-rangs de vignes)
Consultez la rubrique SFN sur le site de l’ARBE :
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